Le grand confinement : un temps de questionnement de soi ?
- Elisabeth Chasles

- 30 avr. 2020
- 3 min de lecture
Voilà bien une période étrange pour nos générations qui se croyaient à l’abri, dans une Europe en paix relative depuis la deuxième guerre, dans une société dite évoluée. Et voilà qu’un gros virus voyageant depuis l’autre bout de la planète nous met à genoux, paralyse une grande part de l’activité économique pendant que d’autres, nos soignants, travaillent sans relâche. Petits et grands pays sont à la même enseigne : la planète est mise au repos. Et ce n’est pas rien de sentir que nous appartenons tous à la même espèce, que du nord au sud et de l’est à l’ouest, le confinement est le même : nous sommes tous priés de rester chez nous, pour nous protéger et protéger nos semblables. Car il ne s’agit pas de protéger seulement les proches, les amis et la famille, mais bien nos semblables humains : le voisin que je connais à peine, la dame que je croise en faisant mes courses, tous les inconnus que je côtoie dans les transports...La contagiosité de ce virus nous place de fait en situation de solidarité les uns des autres. Nous sommes aujourd’hui solidaires mais peut-être qu’hier nous l’avions oublié.
Qu’est-ce que rester chez soi ? Chez soi, entre soi, de soi à soi...
Nous sommes invités à changer nos comportements, nos habitudes. Je ne vais plus chercher à l’extérieur, je regarde ce qui est possible avec ce que j’ai déjà, ce qui est déjà là. C’est un moment pour prendre conscience de mon degré de dépendance des apports extérieurs. A quels endroits de ma vie j’ai besoin de l’autre, des autres ? Et à quels endroits je me suffis à moi-même ? L’alimentation, la culture, le sport, les relations...
Est-ce que la solitude me pèse ou est-ce que, au contraire, je ressens ce temps comme un cadeau que je ne m’offre pas habituellement ? Et pour quelles raisons ?
Quelle nouvelle habitude ai-je envie de garder dans ma vie à la sortie du confinement ? Réduire ma consommation ? Marcher une heure par jour ? Appeler une grand-mère toutes les semaines ? Sur quoi je vais me précipiter, qu’est-ce qui m’aura tant manqué ? Mon coiffeur ? Mon cours de yoga ? Mes amis ? Ma librairie préférée ?
L’homme est un animal social et les rencontres nous manquent. On voit beaucoup de personnes qui parlent entre elles dans les queues des magasins : nous avons un sujet commun, le temps pour en parler et c’est bon parfois de reprendre contact, d’échanger même des banalités.
J’avais l’habitude... j’avais des habitudes qu’il me faut changer. Changer de rythme, organiser mes journées différemment, ralentir. Nous étions dans une époque où les commerces ouvraient parfois le dimanche en plus des jours de la semaine. Il fallait faire vite et beaucoup. Aujourd’hui certains commerces d’alimentation ne sont ouverts que le matin. Le temps s’étire différemment, mes besoins diminuent aussi.
Pendant ce repos d’une partie de l’activité humaine, la nature, elle, continue de vivre, de croître. Le printemps s’impose et les arbres s’épaississent. Encore nus début mars, les feuilles ont envahi les branches, cachant les fenêtres qu’on voyait pendant l’hiver, transformant les paysages. Le règne végétal se moque du virus et continue son chemin sans nous jeter un regard. Et nous pouvons prendre le temps d’admirer cette énergie de vie qui nous entoure, chaque jour, depuis toujours !

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