La Maison Vide

Laurent Mauvignier – Les Editions de Minuit

Je viens de terminer ce livre qui m’a enchantée. J’ai eu du mal à le commencer. Je l’avais emporté pour les vacances, sûre d’avoir le temps pour ses 744 pages. Mais c’est un livre beaucoup trop intime pour les vacances. C’était un livre pour le mois de septembre, pour entrer dans l’automne, et je m’y suis alors installée confortablement.

Laurent Mauvignier y retrace son histoire familiale comme on pourrait le faire dans une démarche de psychogénéalogie. Il a peu d’éléments factuels, une maison, un piano, deux guerres, une région, quelques dates, un silence assourdissant autour de cette grand-mère qu’il n’a pas connue et une interrogation autour du suicide de son père. Savoir précisément n’est pas nécessaire pour comprendre.

Alors il plonge dans cette fin du XIXème siècle, s’immerge dans la vie de ses ancêtres et nous décrit avec une grande finesse ce qui a pu se passer, imaginant ce qui a été dit, les regards posés, la vie rurale rythmée par les saisons, le rôle des hommes et la position des femmes...

J’ai été particulièrement touchée par son récit autour de la première guerre qui m’a ramenée à mon propre grand-père, à la rude histoire des femmes aussi, restées à l’arrière.

Ce livre est un voyage dans un temps pas si éloigné et une époque pourtant très différente de la nôtre. En le lisant je rendais hommage intérieurement à ces générations qui nous ont précédés. Et on comprend confusément, comme un tableau impressionniste qui par petites touches nous montre un paysage sans en avoir délimité les contours. Il n’y a pas une réponse à une question. Il y a des transmissions, une atmosphère, un milieu social, une histoire singulière dans un contexte historique, qui composent une trame qui se tisse au fil des générations, dont nous sommes issus et qui forme, en partie, la personne que nous sommes aujourd’hui.